mercredi 31 mai 2017

L'ombre de Pascale Mathieu

L’ombre naît, l’ombre meurt, l’ombre crie dans le jour, 
un appel au secours.
L’ombre est comme une enfant
Comme un jour qui s’allonge, une nuit se détend.
L’ombre est comme un témoin, d’un présent qui s’efface.
L’ombre est comme un passant, dont on poursuit la trace.
L’ombre, c’est un réveil où deux être s’enlacent.
Elle est comme une aurore.
L’ombre c’est le sommeil, où deux êtres s’embrassent.
Et comme un crépuscule, l’ombre c’est le passé, l’Hier
C’est l’éveil qui dépasse.
Debout, face au soleil
Derrière, elle trépasse.
Reste seul le présent
L’ombre est partout et veille
Immatérielle face.
Elle est comme un feuillage, qui bruisse doucement
Nous révèle l’invisible, esprit vif et soufflant, 
l’existence du vent.
L’ombre se sert de nous et le soleil encore
Du monde pas si flou, nous sommes la matière
Des personnes et des arbres, par qui il se projette
Pour définir l’image
Silhouette en découpé
Sans trait et sans visage
Tournant autour de nous, compagne de voyage
Diluant notre esquisse
Quand mélangée sous l’arbre
C’est elle qui nous glisse dans l’indifférencié.
Sous cet arbre à palabres
Dans cet ombre, tous mêlés,
Enlacés, embrassés, mélangés
On y fait le récit de chaque uns, son voyage
Et l’on repart d’ici, sans se faire d’ombrage.
Séparés, détachés, réparés, désunis,
Mais unis avec l’autre, réunis vers le sage, 
découvert dans le nôtre
Cette alliance message, qu’à travers le désert, 
il y avait du sable
Au bout de celui-ci, peut-être cette plage
Frontière de la mer où se trouve un passage
Comme entre ciel et terre, où la lune envisage
D’éclairer les vivants, délivrant ses étoiles
Myriades de splendeurs, dont la nuit est la toile.

Même la lune boit
Mais elle c’est d’halo
On voit que vous buvez, c’est l’ombre de vous-même.
On distingue de vous, un verre à vous verser, 
une bouteille à boire
C’est l’ombre de votre ombre.
Ce qui n’existe pas dans ce curieux mélange
Qui séparé du corps nous paraît très étrange
Car il joue votre sort, quand boire à la source
Ouvrant votre gosier ardent à la fontaine
Votre ombre se rejoint à cette source claire.
Allers vers ce noyau, le centre de ce fruit
Source en abondance
Où vous êtes lié sans être délié
Et qui fait repousser un autre fruit sans cesse.
L’ombre, c’est pour vous dire que vous n’êtes pas seul
Qu’il est dessus de vous quelqu’un qui vous réveille
Qui vous éclaire vous, plus haut que le soleil
Et que caché en vous, si il vous fait de l’ombre
Pour laisser votre cœur et faire des merveilles
Brûlant d’une impatience à être aimé
Du fond de votre transparence.
Cette bouteille vide, vidée comme l’absence
Est comme remplie d’ombre.
Pour la dessiner vive, on y trace un trait blanc
Qui donne ce volume de constater ce manque
Le manque, votre vide, vous qui le cherchez tant
A consommer si ivre, cet alcool trop puissant.
Mais celui-là, le manque qui vous réveille tôt
Chaque jour, sans attente autre que le repos
De le nourrir d’un fluide pour le remplir à flot
Comme des larmes humides, qui le comblent bientôt.

L’ombre c’est le T-moins
Du plus, bien que nous-mêmes
L’ombre on la traverse comme on passe les murs.
Elle est comme l’esprit dépouillé de matière
L’ombre c’est nous esprit passant par notre frère
Traversant à l’œil nu, rejoignant notre père 
en sa source lumière
Royaume antimatière, notre antique matrice, 
notre mémoire mère.
Unique cicatrice vers notre devenir
A venir revenu d’un présent continu

Dont l’ombre nous revient de ne pas être 
contre le reflet de Jésus
Actes de ses apôtres et qu’elle disparaît quand alors confondue
Épousée, attirée, jumelée, entrevue
Sans pour cela confondre qu’il est roi de lumière
Prince qui nous invite vers le plus beau mystère.
A être comme un, l’autre, connaissant sa part d’ombre
Et choisir le soleil de la part sacrée de l’homme.
Ce Dieu qu’est cet enfant, à élever qu’on nomme
Le plus resplendissant, le responsable ami, amour
Qu’en aimant il adore
La passion de notre être
Qui veut renaître encore.
La nuit dans les ténèbres si sombres si obscures
Se réveille le jour, clarté dans la lumière.
L’ombre, c’est un chemin à travers la forêt
Laissant passer les raies, les rayons arbrisés
Comme une promenade d’un soleil abrité
Pour celui qui, nomade, cherche un lieu apaisant.
L’ombre c’est comme un gant à la main invisible
L’ombre est sur les mots, splendeur toute déliée.
Les rubans de lumière, entrelacs lumineux
Gainé d’encre liquide, un crayon de papier
Pour les rendre lisibles, ombrés pour les ancrés
D’un nom qui donne audible, le sens de les poser
Sur notre indivisible cœur, enfin pacifié
De son identité, qui est sa différence
Et le fait exister parce qu’il est autre
Alors qu’il est nous-mêmes
Un indifférent thème (t’aime).

Vous pouvez vous cacher de vous, même des autres
Oh, sans nul doute oui, mais l’ombre elle est fidèle
Douce et délicate
Jamais elle ne vous quitte, parce qu’elle vous révèle
Et qu’elle en a tant hâte.
Elle tourne autour de vous
Elle vous suit derrière
Elle est à vos côtés
Quels qu’ils soient reflétés
Et que soient les barrières
Elle court à l’avance, quand vous figez l’instant
Tomber, oh oui, peut-être.
Courber, baisser la tête
Elle s’arrête et se meurt
Quand vous n’êtes pas debout, il faut la devancer
Se peut-il cet ombrage, à rebours d’un courant
De vous être éprouvé, échouant le naufrage
Ne pas avoir sombré, ayant laissé couler
A flots, là, cette absence dedans, que vous pensiez remplir
En consommant des fluides éphémères et grisants
Mais pas d’ombrer le pire de vous dissoudre dans
D’oublier le désir, d’un vrai commencement
De consumer un feu dans un corps trop brûlant
Pour faire disparaître l’avis de cet enfant
Qui a bien connu l’ombre, il s’est conçu dedans
Percevant la lumière d’un voile transparent
Le ventre de sa mer et tous les bruits stridents
D’un extérieur en clair
Qu’en un cri déchirant
On inspire cet air.
Vous êtes passé par là, de l’ombre à la lumière
Et de cette ombre ronde, ventre d’une maman
C’était là comme un monde, dessiné rondement.
Mais il fallait avant, au sortir de la mer
Un liquide amniotique, un cordon comme un lien
Qui coupé en Aimant, le bel ombilical
Et en faire un nombril, un centre, un nom brillant
Qui n’est en rien banal, qui est cet ombilyque
De vous autoriser d’avoir été l’enfant
Unique et authentique
Qui crée dans l’invisible, un accord, une corde
Qui ne se rompt jamais.
Le beau lien très mystique, ma foi, miséricorde
Car si vous retombez, c’est un nœud qu’il refait
Pour vous ré-approcher.
Un nœud qui n’est pas lâche
Mais toujours plus serré
Plus prêt de son attache,
Son Amour d’être prêt
Vous relever sans cesse
Vous apprendre la marche
Sans perdre sa tendresse
Cahotante et peu sûre
Mais pas de l’être ivre
De celui qui assure
Et que debout encore, vous vous avancerez
Gagnant en équilibre de vous harmoniser
A l’être qui veut vivre l’émotion d’être libre
Que cette ombre creusée fait saillir de volume
Que tout êtres les traits, qu’au bout de cette plume
Il désigne la une, donne le mouvement
Sur un lac trop placide, reflétant la montagne
En une ombre liquide.
Mais s’il est quelques vagues
C’est grâce à l’ombre qui sculpte les paysages
Fait naître le relief, les formes d’un visage
Et de faire son fief, l’endroit que l’on sait sage
En acceptant toujours le joli paradoxe
Qui nous donne les jours, égaux dans l’équinoxe
Il nait et puis s’endort le printemps et l’automne
Un temps d’équivalence qui s’étend sans supplices
Vers les ombres solstices
Quand il naît en été et meurt en apparence
Dans l’hiver d’une terre méditant sa naissance
Une ombre est un silence.
L’ombre ne parle pas avec des mots tous bas
L’ombre c’est le contraste qui ne porte aucun masque
Elle ne dit rien de plus, que l’instant où vous êtes
Un dessin du présent qui se rend manifeste 
Ça n’est pas un fantôme, il n’y a rien de funeste.
Elle est un trait d’union, elle est la vie plus forte
Une partie de l’un, et l’un qui, par son autre
Vous montre le chemin.
Votre ombre est votre escorte comme sur votre main
D’autres ombres vous portent, quand en ombres portées
Elles ouvrent une autre porte
Celle de votre cœur, de savoir la beauté
Entrant dans la pénombre, comme s’éveille le soir
La peine reposée de chaque jour en nombre
Voilés d’éternité.
Un papillon s’endort.
L’ombre, c’est une part de notre obscurité
L’ombre c’est quelque part, elle qui nous prépare
La plus dense clarté.
L’ombre vous fait passer et rend un clair-obscur
D’où votre pureté sera ainsi filtrée.
Oubliant le futur pour devenir lumière
Et de la regarder sans cligner des paupières
Et se laisser aimer par ce qui est sincère
Acide, amer, jeté
Douceur en vous mêlée
Ce miel ombré doré.

Moi je vous en supplie, allez boire sa parole
La lire, l’écouter, délivrés à l’entendre
Sons, musique à vos sens
Mais dans un seul en vers
Sixième poésie
Ivresse de la vie
Unique elle est à vous
Pour chaque un, pour tout autre
Le même mot précis, précipitant l’ici
Maintenant, le présent, cadeau de cette soif
D’un Amour étanché, en tout temps infini
Passé ou imparfaits.
Futur ou pas futés
Fut d’un vin d’une source
S’écoulant comme un sang de vie, jamais à perdre
Le rouge des vivants, d’une bouche béante
De paroles d’Amour
Qu’aucune plaie suintante
Ne peut durer toujours
Et que dans un silence, comme nouveau langage
Vos souhaits, vos désirs, de vous aimer en frères
Vous et votre prochain, le plus proche de vous-même.
Monte vers lui serein, votre belle prière
Murmure de votre cœur, cri d’enfant vers son père.
L’ombre cachée derrière, ça vous savez le faire
Et revient le sourire
Et les gouffres de mots
Que vous direz en rires
Comme des vagues à larmes
Sortant de votre gouffre.
Cet être plein de vide
Ce vide rempli d’être
Et renonce au suicide
Dans son cœur, dans sa tête
Et dans son corps lucide.
Reste cette lueur, cette lumière avide
Que votre ombre si noire se transforme en couleurs
Contraste en un miroir.
Que l’amour que vous êtes, pour vous et pour les autres
N’est pas un prisonnier qu’on juge et qu’on arrête.
Libre et vérité, qu’alors il se reflète, par vous, en vous, partout
Et aussi pour les autres.
La chaîne de l’esclave, si courbé qu’il se tasse
On la voit, semble lourde et lui met une entrave.
Les mais levées au ciel
Détournant une impasse
Lancée telle une flèche, votre ombre laisse place
A l’allée du soleil.

Sortir de vos vices comme de vos viscères
Et de cet esclavage, redevenu poussière
Nous rendre enfin service et en faire un partage
Et que tous ces sévices, celui qui dévisage
Vous les battiez, glorieux
Et de lui faire outrage à ce venin odieux.
Vous êtes prêts de croire, c’est de faire confiance, 
à vous, à lui et Gloire
Croyants de l’espérance vivante, 
quand l’espoir se meut en désespoir
Relevez-vous de vous grandir, faire croissance
Et dites-le, je croîs, je crois en ma renaissance.

Comme un cadran solaire, vous indiquez le jour
L’ombre laisse la nuit, faire son demi-tour
La planète est en vie, elle en vaut le détour.
Etourdir notre vie par ce beau tour à tour
Que nous sommes aussi, mais qu’elle, est l’est toute
A la fois pour toujours, de tourner par Amour.
Et qu’un matin levant, lueur promettant l’ombre
Quand au soleil couchant, la nuit, soudain demeure
D’une lune bien ronde, c’est la sœur du soleil
C’est un moment sans ombres, prometteur d’infini
L’absolu des étoiles dans le plus pur bleu-nuit
Prémices sans nuages, d’un bleu dont le sillage
De l’oiseau qui s’envole, délivrant son message
Qu’en s’élevant plus haut, il n’y a pas de mirage
Juste un détachement, son ombre et son passage.
Il ressemble à un ange, venu du fond des âges
Un lumineux enfant, ses ailes grandes et blanches
Font glisser dans le vent, l’oiseau qui n’a pas peur
De l’envol au bonheur.
L’ombre est aussi solide, qu’un arbre qui est droit
L’ombre, elle se souligne, ce qui paraîtrait plat
L’ombre, elle rend mobile, sous le vent ne rompt pas
L’ombre, elle nous déshabille de tous nos apparats
Elle n’est pas blanche ou noire, elle est neutre, voilà.
L’ombre est toute splendide et elle donne l’éclat.
L’ombre, c’est le regard, de celui qui dessine
Et qui creuse le noir
Du bon bout de sa mine, il connaît la lumière
Les courbes et les formes, il a cela de clair
De les poser plus sombres, il est observateur
Et elle ne se dérobe à son œil éclaireur.
Mais l’ombre lui dedans, quand gît notre grand cœur
Si sombre, elle le couvre, comme un voile de deuil.
Et mourir à cette ombre, c’est accepter de soi
Qu’il est un créateur, qu’il est une lumière
Cachée à l’intérieur, qui est déposée là
N’attendant, que légère, l’ombre d’envolera
Voler dans la clarté, d’être enfin libéré
Brillant dans un éclair et par un tel éclat
L’instant est éternel et l’ombre passera
Elle est une complice, quand vous changez d’état
Et dans l’air qui vous hisse, voler d’un cœur qui bat
Dessus le précipice, où l’ombre se débat
Doucement, elle glisse, de ce que l’on n’est pas
Et vous montez, Félice
Votre corps est en bas
Votre esprit un délice
De goûter à la joie
Celle qui ne s’ombre pas.
L’ombre, c’est une preuve de l’Amour qu’il nous tend
Et d’en faire l’épreuve, de nous aimer autant.

Je ne pouvais faire de l’ombre
A quelques lettres abécédaires
Je n’en n’avais pas le temps
Il me fallait trop réfléchir
Le sujet de l’ombre est si clair
Que je ne pouvais que l’écrire
Esprit connecté à mon cœur
Qui par ma main pouvait traduire
Le sens de mon ombre
Qui est à la lumière de ma table
Comme une fable.
C’est là que je réfléchis
Lorsque l’ombre est mon amie.

Pascale 


2 commentaires:

  1. salut j ai été emu surtout le passage sur l'alcool.tu es prolifique et quelle belle plume au service d'un theme commun a nous tous.Au plaisir de te relire moi c'est Brahim et j;ai publié un miniscule texte aprés lecture du tien(rires).Ca s'intitule dans son ombre bonne lecture et bonne route

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  2. publié au mois de mars plus précisement

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